Wednesday, February 23, 2005
Valéry Giscard d'Estaing-Erik Izraelewicz : quand la Chine s'éveille
DÉBAT L'ancien président de la République et le journaliste économique croisent leurs regards sur le dynamisme retrouvé de l'empire du Milieu V. G. E. – La Chine, avec tout ce qu'elle nous réserve, ne peut être comprise à la seule lumière d'un appareil statistique. Ce pays nous apporte d'abord l'expérience d'une civilisation alternative à la nôtre : voici une histoire et une civilisation totalement distinctes des nôtres. Il est frappant de constater que cette civilisation devenue, à partir du Ve siècle de notre ère, la principale du monde, n'a entretenu qu'une communication très ténue avec l'Occident. La mentalité chinoise demeure profondément imprégnée du sentiment de l'ancienneté de sa tradition et par la certitude d'avoir atteint, dans l'histoire, un degré inégalé de civilisation. A la fin du XVIIIe siècle, les Chinois étaient aussi développés et civilisés que nous. Les données fondamentales du rapport au monde entretenu par la Chine n'ont pas été modifiées : étrangère à toute forme d'impérialisme, la Chine n'aspire aucunement à la conquête territoriale de la planète ; d'ailleurs, à l'instar des Américains, les Chinois ne se sentent pas intéressés par le reste du monde. Ils possèdent en outre une métaphysique radicalement différente de celle qui imprègne les mentalités occidentales. Il est probable que le poids grandissant des ingénieurs, des spécialistes, des commerçants, des financiers... suscite, en Chine même, comme partout ailleurs, une compétition accrue pour le partage du pouvoir interne. Mais il est impossible aujourd'hui pour les Occidentaux d'en évaluer les conséquences pour l'ensemble de la planète. Nous ne devons pas «penser la Chine» avec nos seuls critères occidentaux.
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